par Patrice Le Pihive
A l’occasion du récent stage de Sainte-Maxime, nous avons eu le plaisir d’avoir la visite de Patrice Le Pihive. Membre de l’Ecole Tenchi d’Aïkido de 1993 à 2010, il a choisi de poursuivre son parcours sous d’autres cieux. Il nous fait l’amitié de l’article suivant que nous reproduisons tel quel.
« Il me semble que l’Aïkido ne consiste pas à se débarasser le plus vite possible d’un adversaire en lui imposant une technique et une chute brutale.
Si tous acquiescent unanimement à une telle proposition chacun sait qu’il doit encore chercher à s’en souvenir à chaque instant de sa pratique…
Quelle réflexion utile pouvons-nous porter sur cette relation originale et spécifique, à ne pas couper, qui caractérise les « partenaires » en Aïkido?
Cette relation débute au premier regard qui accompagne le salut respectueux d’harmonisation première des deux pratiquants, et avec la découverte et la maîtrise de la distance qui les unit-séparent pour organiser la technique.
L’attaque sincère et confiante d’Aïte est absorbée par le ventre de Tori dans un tournoiement du centre qui relie, entraîne, guide, maîtrise et respecte la relation initiale qu’il s’agit de prolonger et non pas de couper.
Cette relation, éphémère par nature, sera conduite jusqu’à son terme naturel, de séparation, chute ou projection, qui peut être considérée comme une « purification » libérant Aïte de sa « négativité ».
Ce lien invisible qui unit entre eux les deux pratiquants- mais aussi tous les Êtres- ne s’interrompt pas à la chute d’Aïté: comme nous pouvons faire vivre le lien qui continue à nous unir aux être chers après leur mort, nous pouvons conserver la relation initiale jusqu’à la technique suivante ou jusqu’au salut final de séparation souvent accompagné d’un vrai sourire…
Mise en relation tout d’abord avec nous mêmes et notre espace intérieur, notre structure, notre sensibilité, nos perceptions, nos tensions musculaires, notre mouvement, notre équilibre, notre agressivité, nos peurs, nos humeurs, notre Ki.
Mise en relation avec le ki de l’espace qui nous environne, que nous occupons dans sa circularité et la nôtre et avec lesquels nous jouons.
Mise en relation avec l’Autre-Pareil, miroir inflexible de nos défauts, à manier avec précaution.
Des lors l’échange est permanent et réciproque entre le temps de l’étude d’une relation choisie sur le tatamis et la complexité de tout ce qui nous lie et relie dans « la vie de tous les jours », nous obligeant sans cesse à « coordonner les exigences »…
A tous ceux, partout, qui par leur Présence rendent chaque jour cette étude possible, merci! »
NDLR: Aïte ou Uke: celui qui attaque ou subit
Tori ou Nage: celui qui défend ou fait le mouvement
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