Par Laurent Janin
Dans les vestiaires, les sourires illuminent les visages avant que la concentration y tende son impassibilité. Les keikogis jaillissent des sacs pour vêtir des corps modelés par une pratique assidue. Les hakamas ceignent des koshis auxquels nous préférons des haras à la puissance parfois téméraire. L’étoffe sombre aux plis complexes délimite une prise de conscience tangentielle durement acquise.
Forts de cette humilité placide, nous accueillons en nos forts intérieurs l’essence d’un dojo physique et mental. Saluts protocolaires rythmant la mise au diapason de nos énergies. Communion des souffles et vibration des centres. Explosion de chaleur qui remonte le long de l’épine dorsale. Unicité d’une pratique inspirée par les mouvements de la nature. Je suis le dojo. Nul besoin de se disputer un espace vital commun.
Entrer. Esquiver. Lier. Guider. Offrir une issue au partenaire. Je ne combats pas. Je désapprends pour retrouver ce que je sais déjà. L’ego s’efface au profit d’un mental pacifié. Vacuité aspirant l’intention de uke. Facilité déconcertante d’une technique qui vient tarauder un intellect avide de contrôle. Laver les scories d’un raisonnement inutile dans l’instant. Bannir la parole dispendieuse d’un souffle indispensable à l’expression du ki. Réaliser la pureté d’un geste en apparence anodin. Prendre conscience de ce qui est juste. Formater le mental avec des couches successives d’apprentissage. À chaque entraînement suffit sa peine. Sans cesse sur le tatami tu te remettras en question. Quête infinie d’un absolu lumineux. Ouverture des cœurs battant d’un amour universel propre à terrasser l’adversité qui est nôtre. Conserver cette vigilance qui fait de nous autre chose que de simples artistes martiaux.
Tester. Éprouver. Sentir le déséquilibre. Exprimer le kokyu. Retrouver l’essence du salut. Se côtoyer dans la paix retrouvée. Sérénité joyeuse avant de se quitter. Boire un dernier verre, à l’occasion, pour prolonger cette harmonie et exprimer ces interrogations qui nous brûlent les lèvres.
Merci Laurent,
Cela valait le coup d’attendre, de t’attendre,
Cela me parait aussi le présage d’une belle année de pratique à partager.
S’imprégner de ce rituel à lire et relire avant chaque arrivée au dojo.
Le vivre et le revivre pour qu’il nous habite.
Et puis tchin tchin
Den
Merci Den.
Bravo Laurent, c’est tout ça et tant de choses encore, tu l’as bien écrit en tout cas !!
A lundi !!