par Laurent Janin
Qu’est-ce qu’un Aïkido efficace?
Pour répondre à cette question, il convient de rappeler la définition de ce mot.
EFFICACITE : qualifie la capacité d’une personne, d’un groupe ou d’un système de parvenir à ses fins, à ses objectifs (ou à ceux qu’on lui a fixé). Objectifs qui peuvent être définis en termes de quantité, de qualité, de rapidité, de coûts, de rentabilité…
Nous constatons que notre réponse variera selon le ou les objectifs retenus.
Si je suis rapide dans l’exécution de mes techniques, j’en conclus que je suis plus efficace qu’un pratiquant plus lent, mais nous savons tous que la vitesse n’induit pas nécessairement une bonne «conduite de Ki». Si je peux enchainer un grand nombre de techniques et de partenaires sans hésitation et sans m’essouffler, je suis efficace à n’en pas douter. Nous comprenons que nous pouvons multiplier ce raisonnement par autant d’objectifs que nous nous serons fixés ou vu imposés par les exigences techniques des examens.
«Le seul critère d’un savoir véritable est son efficacité» (Bruce LEE)
L’efficacité est de l’ordre du «manifesté» car elle va se mesurer quantitativement et qualitativement, nous pouvons donc dire qu’elle relève des principes «physiques» propres à un Aïkido du «premier degré». De plus son appréciation se fait toujours par comparaison, principe qui entretien le dualisme dans lequel l’égo se complait et se renforce. Aspirer à plus d’harmonie et de relaxation dans notre pratique exige de sortir de ce dualisme en voyant dans le partenaire non plus un ennemi mais un «conspirateur». Mais relaxation ne veut pas dire que nous devons perdre notre rigueur technique et notre vigilance au profit d’un Aïkido «yogatisant» et «mou du genou» qui font dire à bon nombre d’autres artistes martiaux que nous ne sommes pas «crédibles» et donc efficaces.
«De tout temps, l’arme la plus efficace fut et reste l’arme spirituelle». (Georges MEREDITH)
Plus que l’efficacité, c’est le réalisme dans notre pratique que nous ne devons pas perdre de vue. Si nous sommes des artistes capable de jouer avec la gamme de gestes codifiés par O sensei afin de développer notre propre pratique de l’Aïkido, nous ne devons pas nous affranchir d’une gestuelle réaliste propre à renforcer notre vigilance et notre concentration. Ce sont ces deux «piliers martiaux» qui vont nous permettre de nous recentrer, de nous pacifier et de nous harmoniser tout naturellement avec notre environnement. Alors, comme le sabre qui détourne les feuilles au fil de l’eau au lieu de les trancher, nous «préviendrons» nombre de conflits. C’est en cela que notre Aïkido progressera plus sûrement et plus justement et sera synonyme d’efficacité.
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