Rappel historique
Les grades sont liés plus particulièrement à l’histoire d’un pays, le Japon, dû au caractère japonais, à son histoire et au développement international.
Dans les autres pays, il n’y avait pas, semble-t-il, l’équivalent d’un système gradué dans les arts de combat (Chine, Inde… et en occident).
Dans les arts martiaux japonais anciens (Bujutsu), il n’y avait pas de grades mais des classes de compétence que l’on peut, sur le plan mental, symboliquement résumer ainsi:
1er stade: SHO-MOKURUKU (symbole géométrique: le carré)
Les mouvements sont carrés, l’attaque est suivie d’un blocage, le mental traduit un défaut d’harmonie si ce n’est d’opposition. Il n’y a pas de conduite de KI, pas de fluidité.
2e stade: JO-MOKUROKU
(symbole géométrique: le triangle)
Les mouvements moins anguleux permettent l’aspiration et l’absorption de la force adverse grâce à une puissance où le physique domine largement.
3e stade: HON-MOKURUKU
(symbole géométrique: le cercle)
Les mouvements deviennent ronds et fluides, les blocages disparaissent. C’est le début de l’union entre le le physique et le psychique.
4e stade: MENKYO
(symbole géométrique: le croissant)
La technique est experte, la synchronisation est parfaite quelque soit la rapidité de l’attaque car il y a intuition de l’intention adverse (SEN-NO-SEN).
5e stade: KAIDEN
(symbole géométrique: le point)
Au delà de la technique, l’attaque et la défense disparaissent car il y a unité et vide. L’adepte ne fait qu’un avec l’autre.
Cette description est à comprendre sur le plan de la conscience et de l’utilisation du corps et du mental indépendamment du type d’art martial.
Le diplôme Menkyo-Kaiden est donné à celui qui a reçu tout l’enseignement et a l’autorisation d’ouvrir son école. Maître Ueshiba reçut le Menkyo-Kaiden de Takeda Sokaku en Daito-Ryu.
Ce système est différent des fonctions ou responsabilités au sein de l’école (Ryu):
Deshi: élève ou disciple de l’école.
Uchi-deshi: disciple interne vivant à demeure au sein de l’école.
Renshi: disciple confirmé.
Kyoshi: instructeur
Hanshi: maître de l’école
Sensei (« celui qui est devant ») est le titre donné à l’enseignant (professeur ou maître).
A l’époque médiévale, le Daymio (seigneur) avait un maître d’armes personnel ou Shihan, titre donné de nos jours à titre honorifique selon le rôle et les responsabilités.
Il faut comprendre que toutes ces dénominations correspondent à des fonctions avec plus ou moins d’équivalence en compétence technique et en talent.
Fin du XIXe siècle, le Japon entre dans l’ère moderne (Meiji) et voit l’apparition des premiers arts martiaux à visée non guerrière (Budo).
Kano Jigoro fonda le Judo et introduisit le système Kyu-Dan calqués sur le principe de la société civile (scolaire) et surtout militaire.
Initialement, il y avait 3 Dan ou degrés puis 5 pour arriver à 10 (Mifune Kyuzo). Kano (seul 11e Dan) reçut le 12e Dan à titre posthume.
Certains Ryu anciens n’utilisent que les Kyu, terme qu’on peut traduire par «souffle».
Maître Ueshiba, homme de tradition ancienne, n’avait pas de grade moderne et laissa introduire ce système avec la naissance de l’Aïkido en 1942 et le développement d’après-guerre.
Le second et troisième Doshu (fils et petit-fils) n’ont pas de grades.
Tous les Budo modernes suivirent le modèle institué par le Judo.
Les grades et la société moderne
En France, Kawaishi Mikinosuke introduisit le Judo en 1935 ainsi que les ceintures de couleur copiant un modèle créé en Angleterre. Selon ses paroles, il fallait des «sucettes pour les occidentaux»!
La société moderne et le développement populaire ont amené l’organisation associative de type fédérale sur le modèle sportif avec des ligues, des commissions de grades et avec comme conséquence la standardisation des grades.
En 1975, la FFAD avait demandé aux directeur et conseillers techniques de faire des propositions pour les programmes d’examen. Nous étions alors CTR Ile-de-France et c’est notre proposition qui fut retenue pendant quelques années (pour l’anecdote, ce fut la seule présentée).
Nous avons été amenés à examiner des dizaines de candidats, à faire des heureux et parfois des déçus, à tenir compte de critères qui ne correspondaient pas à notre propre évolution.
Pierre Warcollier qui était aussi 1er vice-président de l’Union Européenne d’Aïkido quitta la présidence de la FFAD qui devint membre confédéral de la la FFAMT en 1977, puis de la FFAK en 1978 pour devenir FFAAA en 1983 une des deux fédérations officielles et agréées par l’état (sic).
Ce bref rappel historique permet de comprendre notre désir de fuir cette cuisine fédérale et guerre d’égo, qui 30 ans après, est toujours actuelle et comme par hasard s’exprime avec les grades.
Jean-Marie Tung
A suivre
Merci pour ce bel enseignement
Bonjour,
Merci pour ce commentaire; le plus intéressant et le plus constructif sera en 2e partie.
Bien aïki,
JMT