Voici une reprise de notre article écrit il y a 2 ans revu et complété ( Le pouvoir des mots).
Une langue comme le français se transforme tous les 60 ans, bien sur de façon progressive. Il est probable que la linguistique n’échappe pas à l’accélération du monde moderne et à nos comportements agités, impatients et à la perte de la culture.
A plusieurs reprises, nous avons évoqué la confusion des mots âme et esprit qui forme une triade avec le corps (corps-âme-esprit). La perte voire l’inversion du sens des mots sont des témoins de notre déracinement culturel qui touche même des personnes cultivées. Donnons quelques exemples et nous expliquerons l’intérêt de l’Aïkido pour retrouver nos racines Terrestre et Céleste.
Le savoir et la connaissance sont souvent confondus.
Le savoir est du domaine de l’intellect, du mental et de l’avoir. Le sachant peut devenir un savant.
La connaissance est du domaine de l’être. Le connaissant ne fait plus qu’un avec la connaissance, le sujet ne fait plus qu’un avec l’objet. Vous devinez déjà où l’on va arriver ! La connaissance n’a rien à voir avec l’intellect et le mental. On peut être un grand scientifique, un savant alors qu’un analphabète peut être un connaissant !
Un autre exemple est le plaisir et le bonheur.
Le plaisir est du domaine physique et psychique. Plaisir des sens : le goût (la nourriture), la vue (le plaisir de la nature, contempler une oeuvre artistique), l’ouïe (la musique), le toucher père des cinq sens (plaisir sexuel), l’odorat qui est le sens le plus proche de l’imaginaire et du subtil (cf. la princesse de Clèves; cf. l’expression « être en odeur de sainteté »). Le plaisir est donc du domaine de l’avoir tandis que le bonheur est un état, donc du domaine de l’être et du spirituel. La quête du bonheur est atteinte quand le sujet et l’objet ne font plus qu’un, quand JE suis le bonheur.
Quelle différence entre la tranquillité et la paix?
La tranquillité est lié au stress, tient du mental et de l’avoir même si l’on dit: je suis tranquille.
La paix tient d’un tout autre ordre. Faire la paix, chercher la paix impose quelque chose d’extérieure à soi que l’on veut acquérir, avoir.
Etre en paix est plus qu’un état. Je suis la paix traduit une identité basée sur la Connaissance de Soi.
La gentillesse est une qualité morale donc mentale. La bonté est une vertu du coeur spirituel.
Ces exemples montrent l’intérêt, la valeur des mots, de la sémantique et l’importance de la Connaissance de Soi.
Coordonner le corps et le mental (body and mind) pour développer le Ki, énergie, force mentale dans sa relation avec le corps. Mais qu’en est-il du Ki en tant qu’énergie spirituelle?
L’Aïkido nous offre grâce à sa trilogie Tao Yin Yang le moyen de réaliser le Principe Aïki, quand Nage (Shite) peut dire : je suis Uke c’est-à-dire quand Nage et Uke ne font plus qu’un.
La réalisation de « je suis toi » est-elle technique physique et mentale ou est-elle spirituelle?
JMT
Merci pour ces bons mots.
Il y encore quelques mois, le concept de corps, d’âme (dans le sens de mental) et d’esprit restait pour moi ambigu.
Parfois je le percevais de façon évidente et un simple courant d’air m’en faisait perdre le sens.
Puis, j’ai assisté à un concert, donné par un quatuor et commenté par une amie violoniste. A cet instant j’ai perçu ces trois instances dans leur unité.
La musique implique le corps, il y a une posture, une gestuelle.
Elle implique aussi le mental, pour interpréter une partition.
Et puis, il y a ce petit quelque chose en plus, cette inspiration-aspiration, ce souffle qui confère à l’interprétation un caractère, pour ainsi dire « innommable ».
Sans doute me reste t’il bien d’autres subtilités à appréhender sur la triade corps/âme/esprit, mais cette expérience a touché une corde qui depuis résonne.
Je pense fort à vous et reste connectée quoiqu’il advienne.
Vous souhaitant une bonne rentrée.
Bises
Nathalie