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Donner c’est recevoir

par Olivier Girod

Recevoir en Aïkido un enseignement, c’est assimiler des méthodes, des techniques et surtout les pratiquer, mais n’oublions pas un élément à mes yeux d’une importance capitale, il faut donner!

Se donner c’est se dépouiller, car pour donner il faut quitter ce que l’on donne. Le don de soi est un dépouillement de soi-même.

Quand nous sommes uke, nous devons attaquer franchement en rapport avec le niveau de tori, sans chercher à bloquer ou dominer, pour la chute, il ne faut pas se retenir, il faut accepter de subir, donc donner.

Donner, accepter, recevoir...

Donner, accepter, recevoir…(photo Den)

Quand nous sommes tori, nous devons accepter l’attaque, l’accueillir sans imposer sa force, sa technique, son ego, aimer l’autre et non le vaincre.

La raison première de notre incapacité à donner c’est la peur, peur de l’autre, de perdre, de manquer, de l’inconnu, le don de soi c’est le moyen de vaincre cette peur et d’accéder à une nouvelle connaissance et conscience.

Ce n’est pas un partage entre deux personnes mais bien le don à l’autre.

Quand tori et uke pratiquent ensemble en appliquant l’un pour l’autre le don de lui-même, ils rentrent en union, dans une spirale, du coup ils s’inscrivent dans l’univers, l’amour, c’est là que nous recevons et c’est là que nous progressons.

Le don de soi est lié à notre bonheur car on ne peut être heureux que si on a fait cet acte d’humilité de se dépouiller en donnant le meilleur de soi-même. En effet, on ne peut pas donner un personnage;  souvent,  nous avons notre image, notre amour propre, notre personnage. Mais le personnage est une invention, et l’on ne peut donner qu’un cœur, on ne peut donner que la vérité de notre être.

Alors mes amis, pour recevoir il faut donner et nous aurons une chance de connaître le bonheur, la connaissance et ouvrir les portes de notre esprit dans notre pratique de l’Aïkido et notre vie.

 
 

6 commentaires

  1. Laurent

    J’approuve ton approche du don de soi pour mieux recevoir en retour mais je pense que nous sommes toujours dans une logique dualiste qui veut que uke « se dépouille » pour que tori réalise une « belle » technique en « récompense ». Dernièrement, j’entendais un enseignant demander à ses élèves d’attaquer avec dynamisme et sincérité pour mesurer l’efficacité des techniques démontrées. Une attaque « faible » ou feinte est-elle un obstacle à une pratique « aiki »?
    Non, c’est à tori avant tout de réaliser le don de soi par l’offrande du hara en allant accueillir uke à la porte du « dojo » pour dépasser ensemble le clivage attaquant/attaqué et se débarrasser des tensions physiques et mentales qui polluent nos esprits.

  2. Eric

    Bonjour,
    Sujet très intéressant, je pense que ce que veut dire l’enseignant, c’est que uke doit être sincère dans son action. Je pense qu’il n’est pas nécessaire que l’attaque soit rapide, ce qui est important c’est que l’énergie donnée soit sincère et pour cela, pas besoin de travailler vite. C’est l’effet du vent sur la girouette. Pas de vent pas de mouvement, si il y a vent, il y a mouvement. Ensuite tout dépend de la force du vent. Mais je pense et suis convaincu que le vent ne doit pas être forcément de force 8, 9 ou 10 pour travailler.
    Personnellement, je demande à mes élèves de travailler à vitesse réduite, mais cela n’est possible que si uke est sincère et donne l’énergie nécessaire à la mise en mouvement.

  3. Laurent

    Olivier,
    Encore toutes mes félicitations pour ton article qui met « le feu aux poudres » de notre « joyeux conformisme » sur le rapport uke/nage.
    J’interviens aujourd’hui suite au cours d’hier soir ou nos charmants candidats se sont une nouvelle fois frottés à la pratique du randori, exercice pendant lequel nous (je dis nous en tant que uke) avons illustré combien nous restons prisonnier de ce dualisme qui consiste à attaquer avec sincérité sans appréhension des partenaires dont on « sent » toute leur volonté tendue vers l’accomplissement d’une technique. J’imagine sans peine leurs appréhensions à réaliser leurs objectifs face à des uke à la sincérité « relative » et combien il est difficile voire impossible de réaliser une technique conventionnelle dans le sens ou on voudrait qu’elle le soit.
    Plus que la lutte du pot de terre contre le pot de fer, j’aimerai sincèrement une union de la tasse vide avec la tasse pleine pour que par un principe de vase communiquant le breuvage brouillé de la seconde devienne un liquide limpide à la surface calme pour les récipients.

  4. Olivier Girod

    Grand frère Laurent

    Je suis heureux d’avoir allumé la poudre et te remercie de ton intérêt pour la question,
    Je te donne tu me rends, voilà qui est dualiste, j’ai écrit, ce n’est pas un partage entre Uke et Tori mais bien l’abandon de soi, de sa force, égo, position, en fait tout ce qui fait notre personnage avec ses scories, stress, blocages, frustrations et sans connivences ou mauvais arrangement entre amis.
    En fait en donnant il ne faut pas attendre en retour, le but c’est de prendre de soi-même, lâcher prise, abandonner notre MOI, le bonheur, la sérénité, le bien-être physique et moral que nous ressentons après un cours est dû, je pense, à ce que sur les tatamis nous abandonnons notre moi, que nous nous concentrons en abandonnant tout à l’aïkido, alors ce n’est pas l’autre qui nous donne cette joie mais bien notre être vrai qui à tout abandonné.
    En fait le plus dur, c’est de le mettre en pratique (et je suis bien placé pour dire), surtout en randori, je prends cette occasion pour saluer “nos charmants candidats“, et je leur souhaite de lâcher tout.
    PS: suite à l’intervention d’Eric, lequel, Mon bon seigneur ?
    EL Presidente

    • Laurent

      Olivier,

      Je te remercie pour cette belle leçon d’humilité et de m’éclairer sur la véritable interprétation de ton article dans lequel je n’ai lu que le premier « degré » de la relation Uke – Tori.
      En effet le plus dur est bien de réaliser cet abandon de soi au quotidien comme dans le Dojo (Ah dualisme quand tu nous tiens!), comptons sur nos candidats pour illustrer ce principe.
      Plein de pensées positives pour tous les membres.

  5. Julien Laneyrie

    Rien qu’à vous lire, vous me manquez encore plus
    J’espère partager l’espace des tapis, l’espace d’un instant, avec vous bientôt
    Je me donne à vous tel que je suis avec plaisir et je crois recevoir de même, au-delà de la distance

    Bien à vous
    Je vous embrasse

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