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La santé et l’Aïkido

Voilà un sujet qui nous intéresse au plus au point, on se demande bien pourquoi!

La sagesse populaire prétend que la santé est le bien le plus précieux et quand on a la chance de pratiquer un art martial comme l’Aïkido, voire d’être passionné, il est logique de se poser des questions, de comprendre les interactions entre ces deux domaines et de mettre en lumière les influences réciproques.

Dans notre monde moderne, il est de règle d’exiger un certificat médical avant toute pratique sportive. La randonnée, la pétanque exigent un certificat et il est même exigé la mention « compétition » si elle est pratiquée!
Imaginez Maître Ueshiba réclamer un certificat médical avant d’accepter un élève! Autre temps, autres moeurs!
S’il est logique de déterminer une contre-indication absolue ou temporaire notamment sur le plan cardio-vasculaire, orthopédique, psychiatrique… on peut se demander si l’excès de prudence et de sécurité n’a pas comme effet pervers de développer la peur et l’assistanat!
Remarquons seulement qu’un médecin généraliste et même un spécialiste de médecine sportive n’est pas forcément au fait des spécificités de l’Aïkido et des modes de pratique. L’idéal serait qu’il soit lui-même pratiquant mais nous allons passer pour intolérant!

Une des causes de l’absentéisme est bien sur un problème de santé. Être enrhumé, un mal de dos, une rage de dent peuvent justifier une absence.
Pour autant doit-on s’écouter?
S’il fallait manquer à chaque fois que l’on ressent un trouble physique (douleur) ou psychique (stress, moral), il y aurait  quasiment lieu d’arrêter toute activité à partir de 35 ans soit l’âge de « vétéran 1 »!
Un jour, un pratiquant déjà ceinture noire nous téléphone pour nous prévenir qu’il ne pourrait pas être au cours car il s’était fait mal au pouce!
Après une journée de travail fatigante, la tentation est de rentrer chez soi pour se mettre sur son canapé devant sa télévision, et pourtant l’expérience prouve que la pratique permet de retrouver la forme. Nous analyserons plus loin les causes de ce paradoxe.

Ne pas s’écouter, oublier le petit bobo, venir au Dojo, revêtir son keikogi, son hakama, adapter sa pratique en fonction de son problème ou du handicap, quitte à rester spectateur mais en tenue afin de faire le plein de Ki.

C’est l’exemple de ce Judoka unijambiste qui faisait des balayages avec son pilon!

C’est l’exemple d’un Aïkidoka manchot qui adaptait sa pratique à son handicap!

C’est enfin l’exemple de Sunadomari Kanshu qui, à plus de 80 ans, assis sur une chaise donne des conseils alors que le cours est confié à un assistant.

Sunadomari Kansho

Sunadomari Kanshu

Au Japon, il est coutume de dire: « C’est l’hôpital ou le tatami« !

La découverte en 1990 des neurones miroirs  a permis de démontrer que l’on pouvait apprendre par l’observation, l’imitation et l’imagination. Les neurones miroirs sont des cellules cérébrales qui sont actives  lorsqu’on fait une action, lorsqu’on regarde  autrui faire la même action ou lorsqu’on imagine réaliser cette même action. C’est une « écriture mentale » par visualisation utilisée notamment par les skieurs avant une descente et par la patrouille de France.
D’une façon générale, ils participent à la connaissance de l’autre par l’empathie, le transfert des émotions et le pouvoir de l’influence. Par connaissance, nous entendons une résonance et une communion obtenue par la création d’un lien. L’Aïkido de Maître Ueshiba enseignait cela grâce aux principes d’Irimi et de Ki Musubi.
En résumé, même en étant spectateur d’un cours d’Aïkido, l’Aïkidoka apprend!


Quels sont les bienfaits de l’Aïkido?

Sur le plan physique, si l’Aïkido n’amène pas de développement musculaire (sauf les fléchisseurs de la main qui font des avant-bras Popeye!), on peut quand même considérer un développement harmonieux de l’appareil tendino-musculaire avec l’amélioration de la souplesse et de l’agilité. Notons que le cœur qui est un muscle bénéficie comme tout l’appareil circulatoire des bienfaits de la pratique physique.
Le travail au sol (Suwari-waza), la posture agenouillée assise (Seiza) sont particulièrement favorables à la circulation veineuse.
La respiration totale comprenant la respiration abdominale permet un massage  interne des viscères dont les intestins, agit sur la peau, frontière entre le milieu externe et notre milieu interne. L’énergie des poumons gouverne la peau et l’expression  » être bien dans sa peau » est pleine de justesse.
Plus curieux, une chute avant a pu permettre l’évacuation d’un bouchon de sinus grâce à la gravité et surtout la stimulation de points paravertébraux.
Le fait de chuter est une chance extraordinaire pour apprendre à découvrir et à contrôler son corps. Encore faut-il ne pas traumatiser la colonne vertébrale qui est notre arbre de vie. Nous avons déjà dénoncé les chutes plaquées traumatisant toutes les vertèbres en particulier la 5e lombaire dite « vertèbre du Kodokan » (sic) ou la 4ème lombaire qui entraîne à long terme un blocage de la flexion du genou. Tout aussi condamnable est la projections sur les cervicales avec micro traumatisme crânien au point que Uke reste groggy comme on peut le constater avec Shioda Gozo en démonstration.

Shioda Gozo en démonstration

Shioda Gozo en démonstration

A ce propos, remarquons qu’un coup sur la tête (boxes, tête en football…) provoque un choc susceptible de détruire des neurones comme l’a démontré une étude visant des hockeyeurs sur glace professionnels dont l’un, âgé de 28 ans, avait un cerveau de 80 ans non pas,  à cause du sport en lui-même, mais des bagarres! La puissance de frappe n’est pas la même chez un boxeur poids lourd ou léger, alors que le cerveau a la même sensibilité.

Sur le plan physiologique, on considère qu’une pratique courante est équivalente au demi-fond en athlétisme.
L’art de l’action tangentielle qu’est l’Aïkido permet de développer la perception de son environnement, de l’espace-temps et sa latéralisation par rapport à son centre.
Une pratique intelligente relaxée tant sur le plan musculaire que sur le plan mental a une action anti-fatigue due au fait de l’élimination de l’activité cérébrale qui est une grosse consommatrice d’énergie!

Dans la tradition chinoise, il existe trois arts de longue vie: l’alimentation, la sexualité et les disciplines psycho-corporelles comme le Tai Qi Quan.
Nous pouvons sans crainte prétendre que l’Aïkido est une technique de longue vie car basée sur la triade Tao-Yin-Yang et la philosophie taoïste. Longue vie ne signifie pas longévité, encore que le fait d’économiser certaines énergies y participe, mais surtout de valoriser une qualité de vie. La mode actuelle parle d’anti-aging, expression qui va à l’encontre du principe Aïki où l’on va dans le sens de la force. Notre art peut et doit participer au bon vieillissement. En disant cela, nous avons une pensée de gratitude pour Den et son cours pour seniors. Au Japon, il n’est pas rare de voir des pratiquants très âgés travailler une vingtaine de minutes, ne chutant pas et projetant des jeunes pour le plus grand plaisir des deux!

Sur le plan psychique, il paraît évident  que l’Aïkido agit sur  la confiance en soi, l’anxiété, et même sur le moral.
Souvent une dépression démotive le pratiquant qui abandonne. Quelle erreur! C’est à ce moment qu’il faut persévérer et s’accrocher. Une anecdote rapporte qu’O Sensei avait conseillé à un jeune homme dépressif pour des raisons sentimentales de pratiquer l’Aïkido. Au bout de six mois, celui-ci avait pu prendre du recul et était sorti de sa dépression par le fait de se concentrer sur autre chose et de se vider le mental.

Comme dans les hôpitaux chinois où la médecine moderne cohabite avec la médecine traditionnelle et les techniques psycho-corporelles, l’Aïkido présente donc un intérêt  pour la santé physique et psychique d’autant plus que sa pratique ne vise pas ce but.
L’Aïkido n’est pas de l’aspirine!


L’Aïkido, une thérapeutique spirituelle?

Notre monde est violent parce qu’il est malade.
Le monde est malade parce que l’homme est malade.
Sa maladie a pour source une prison mentale qu’il se fabrique car il a perdu sa vraie source spirituelle. Enfermé dans son mental, il a perdu ses racines spirituelles, ignore ses vraies richesse et sa vraie nature.
La dégénérescence  touche tous les pans de la société et les voies spirituelles n’y échappent pas notamment les religions, les Budo…
On parle d’amour mais qu’en est-il des actes.
« Paroles, paroles, paroles » chantait Dalida.

Maître Ueshiba aurait dit (cité par Tamura Nobuyoshi):
« Je suis sur la Voie …mais quand je me retourne, je ne vois personne qui me suit »!
Paroles terribles qui inclinent à penser que seul O Sensei mérite le titre de Maître, les autres sont des techniciens, des experts plus ou moins émérites.
Est ce pour cela que le meilleur ami de Maître Ueshiba aurait été Maître Goi Masahisa illuminé comme lui?

O Sensei et Maître Goi Masahisa

0 Sensei et Maître Goi Masahisa

Vouloir se donner une filiation technique voire spirituelle avec Maître Ueshiba est un transfert d’ego comme nous l’avons écrit par ailleurs surtout quand les chainons sont tout sauf spirituels. « Elève de », « disciple de », sont les nouveaux quartiers de noblesse. C’est pour cela que nous préférons parler d’influence plutôt que de transmission et prendre ce qui nous intéresse, quitte à rejeter ce qui nous choque.

Rares sont les pratiquants qui cherchent une spiritualité dans l’Aïkido.
Plus rares encore sont ceux qui mettent en conformité leurs paroles, leurs écrits et leurs actes.

L’homme moderne dominé par son ego est dans la confusion, confusion qui est exprimée dans l’emploi du mot « esprit » en lieu et place du mot « mental » ou « psychisme ». Cette erreur que l’on retrouve y compris dans des ouvrages sérieux où l’on veut « unir le corps et l’esprit » traduit une mentalité et un intellect dualistes.
De même, la mode des séminaires de « développement personnel » est une erreur sur le plan spirituel car il s’agit ni plus ni moins que de développer l’ego symbolisé par le masque à travers lequel souffle (« per sonare ») l’acteur (« l’esprit »).
Comme l’énergie des poumons est la locomotive de notre train énergétique, l’ego ou plus exactement l’ego dominant est la locomotive de nos émotions négatives.
L’orgueil (la vanité) centrée sur la poitrine, là où sont accrochées les médailles, est donc la maladie spirituelle numéro 1. L’attitude avec le menton relevé, les narines (portes des poumons) pincées naturellement ou artificiellement par des lunettes laissant un regard de dédain passées par-dessus montre que le Centre Terre Hara n’est pas mûr car sa qualité de base, l’humilité (humus) est absente (cf. l’article dans l’espace membre).

Il a été démontré que la méditation, la prière avaient une action sur la santé. L’Aîkido qui est une méditation dynamique est un facteur d’amélioration des trois plans de la constitution de l’homme.

En conséquence, nous pensons que Maître Ueshiba a offert au monde et aux hommes une thérapeutique spirituelle de haute valeur grâce à une gestuelle naturaliste et l’acquisition de vertus. Il nous appartient de ne pas dénaturer le message à travers des comportements qui sont souvent du domaine de la psychopathologie (perversion et recherche de pouvoirs, mégalomanie, paranoïa, bipolarité, jalousie, frustration…)

La lecture de ces lignes pourrait laisser supposer que leur auteur se prend pour un gourou spirituel. Rassurez-vous!

Si nous sommes attirés par une recherche spirituelle, nous n’oublions pas les bases martiales et subtiles qui doivent être au service de cette démarche. Nous sommes conscients qu’il y a un himalaya devant nous et que nous sommes très loin du sommet. Le séminaire pour le troisième Tan-Tien n’est pas à l’ordre du jour!

En attendant, souhaitons une bonne santé et une bonne pratique à tous les Adeptes.

JMT

 
 

3 commentaires

  1. Clara

    La force ne vient pas des capacités physiques mais d’une Volonté invincible.

    Gandhi

    On a du travail………

  2. Gabriel M

    Article très instructif à lire et relire pour notre bien-être et celui de la société en général.

  3. Merci pour votre lecture.
    JMT

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