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Le pouvoir des mots

La langue évolue ou se modifie selon un cycle de 60 ans. Des mots nouveaux, des expressions nouvelles apparaissent et sont homologués par l’Académie Française. L’influence de la rue, les jeunes générations, la technologie, le sens commun engendrent des changements du langage parlé et écrit. L’écriture inclusive, l’écriture phonétique sont des exemples de notre société, de notre culture et de son évolution. Associés à la perte du goût de la lecture, de la grammaire et de l’orthographe, nous assistons à une « révolution culturelle » qui en soit serait acceptable si elle n’était le témoin de nos insuffisances et de notre décadence.


Les mots ont une valeur qui agissent sur notre mental, notre comportement et inversement.

Un exemple très connu illustre notre réflexion. La révolution française émet l’idée d’une prise en main de l’enseignement mais il faudra attendre le 1er empire pour réformer et organiser ce qui deviendra le premier « ministère de l’instruction publique » en 1828. En 1932, le gouvernement d’Édouard Herriot décide de rebaptiser l’instruction publique « éducation nationale », expression apparue dès la fin du 18e siècle dans un but d’égalitarisme ! Au risque d’être étiqueté de « ringard », nous affirmons que le rôle de l’enseignant est  d’enseigner et non d’éduquer, éducation qui revient aux parents dans le cadre de la famille. Les enseignants sont de plus en plus confrontés à des enfants mal élevés voire pas élevés du tout par des parents démissionnaires voire violents si on touche à leur progéniture quand ce n’est pas elle-même qui lève la main !

Nous avons déjà évoqué la confusion des mots âme et esprit apparue dès le 13e siècle au sein même des milieux autorisés (sic) et amplifiée par René Descartes au 17e siècle. (cf l’article Corps, Ame , Esprit).

Autre exemple qui semble anodin et pourtant : le savoir et la connaissance.
Le savoir est d’ordre intellectuel et du domaine de l’avoir. Un grand savoir peut engendrer un savant tandis que la connaissance est d’ordre supra-intellectuel et du domaine de l’être. Le sujet et l’objet ne font plus qu’un. On peut être analphabète et pourtant être un « connaissant ». Un grand scientifique peut être un grand savant mais n’est pas (forcément) un grand « connaissant ».

Deux mots sont aussi employés sans distinction : plaisir et bonheur.
Le plaisir est du domaine de l’avoir et appartient au plan physique et/ou psychique en passant par nos sens.
Le bonheur est du domaine de l’être et appartient au plan spirituel. La quête du bonheur est une quête de la connaissance du Je ou du Soi lorsque sujet et objet ne font plus qu’un. Je suis le Bonheur, je suis la Paix…Le bonheur est l’état permanent de l’homme réalisé tandis que le plaisir est relatif et impermanent. Je suis soulagé de m’être gratté la zone qui me démange. Mais que  reste t-il après?

Respecter et cultiver le sens des mots et de la langue, c’est respecter et cultiver nos racines à la fois intellectuelles et spirituelles, en aucun cas du pédantisme universitaire.

On ne peut rechercher ce que l’on ne peut nommer.

ueshiba

Quel rapport avec l’Aïkido?

La technique est la base du savoir dans notre discipline sur le plan physique et mental. La rigueur, l’ouverture pour ne pas dire l’intelligence au sens étymologique de comprendre permettent de dépasser la technique basée sur le physique et passer au plan subtil du Ki, du Kokyu et du Kokyu-Ryoku. Le principe Aïki repose sur les trois plans physique, psychique et spirituel lorsque les deux protagonistes ne font plus qu’un. La Connaissance de Soi, la Connaissance de l’autre permettent la non-dualité et de réaliser l’idéal de Maître Ueshiba. La prononciation de ces différents mots et noms japonais nous renvoient au Ho-jutsu ou art des incantations et au pouvoir des « Ames-sons » du Kototama. Ne vous êtes vous  jamais posé la question, pourquoi en Kendo la frappe est associée au nom de la dite frappe? Nous renvoyons au séminaire sur le Kiaï.

Une dernière remarque avant de conclure. En mathématiques, similitude et identité sont deux notions bien distinctes.

Bien nommer c’est comprendre l’identité.

JMT

 
 

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