Publications

Non-violence

Le monde donne naissance régulièrement à de grandes figures apôtres de la paix et de la non-violence comme le Mahatma Gandhi (1869-1948), Nelson Mandela (Prix Nobel de la paix 1993) qui vient de disparaître à l’âge de 95 ans, SS le XIVe Dalaï-Lama Tenzin Gyatso (Prix Nobel de la paix 1989) et d’autres encore comme Martin Luther King (1929-1968), Mère Teresa (1910-1997) qu’ils aient été distingués ou pas par cette récompense souvent hautement stratégique.

Gandhi n’eut pas le prix Nobel mais reste connu comme «la grande âme» (traduction de Mahatma) qui appliqua le principe de non-violence (ahimsa) dans le domaine politique. Son choix du rouet comme symbole de la résistance dite «passive» ne fut pas sans raison. Pour protéger les producteurs anglais de coton de la concurrence indienne, les Anglais  coupaient le pouce des filateurs indiens!

Gandhi et le rouet

Gandhi et le rouet

Gandhi et Mandela ont en commun ce principe de non-violence que l’on peut qualifier de statique par distinction avec la non-violence dynamique de l’Aïkido.

Ne confondons pas les quatre mots actif, passif, dynamique et statique.
La non-violence de Gandhi est active et statique alors que celle de Ueshiba est active et dynamique.
Ne faisons pas de confusion comme avec action, activisme et contemplation.

Nous avons souvenir d’un entraineur d’une équipe championne de France de hand-ball, athlète au physique et à la musculature impressionnante, qui ne croyait pas en la non-violence d’un art martial où l’on projetait, pratiquait des clefs douloureuses et des atemis(!) comme en Aïkido.

C’était l’époque des mouvements pacifistes contre la guerre au Viet-Nam avec des manifestations qui tournaient souvent aux affrontements …violents!

Pour beaucoup, la non-violence est synonyme de passivité, en fait une action statique comme le fait de se coucher sur des rails pour empêcher la circulation des trains. Alors que pour Maître Ueshiba, la non-violence applique les principes taoïstes Yin-Yang de sorte que le dualisme devienne  Tao,  Aïki, Un.
Il faut être fort pour être non-violent et pas uniquement physiquement et matériellement.
Lorsque Gandhi affirme:

«Le pardon est l’apanage du guerrier,»

il est tout à fait rejoint par la pensée de Nelson Mandela qui nous a été rapportée par notre «correspondant permanent» à New-York. Bill Clinton réagissant à l’annonce du décès raconte :

«Je lui ai demandé si, quand il a été libéré de prison, il était en colère contre ses persécuteurs,»

et il a répondu:

«Si tu franchis la porte de la prison de tes ennemis toujours en colère, tu es toujours dans leur prison…»

C’est à rapprocher de la pensée d’un autre grand leader charismatique, SS le Dalaï-Lama:

«Votre pire ennemi est votre meilleur Maître car il vous permet de développer la compassion.»

Gandhi pardonna à son assassin comme Jean-Paul II (récemment béatifié) le fit avec Ali Agça qui tenta de l’assassiner en 1981.

Il est clair que ces grandes âmes, Ghandi, Nelson Mandela, SS le Dalaï-Lama, Mère Teresa dans le domaine médico-social sont animées par un Amour infini pour l’homme et qu’ils ne sont pas prisonniers des apparences et autres distinctions qui font le lit du racisme. C’était le message de Maître Ueshiba qui, après avoir été un Maître de guerre accompli, rejeta et transforma les arts de destruction en art de vie et de réconciliation. Le secret de l’Aïkido est cela: l’Amour est à la fois moyen et finalité, non pas amour émotionnel et sentimental mais Amour sur le plan spirituel qui a fait de l’homme réalisé qu’était O Sensei un homme d’Amour (Bakhti), de compassion mais aussi un Connaissant (Jnani), car Amour veut dire Connaissance et Connaissance veut dire Amour (rien à voir avec le savoir d’ordre intellectuel).
Comme nous l’avons déjà souligné, la non-violence de Maître Ueshiba est différente de la non-violence communément reconnue. Face à une agression, opposer la violence à la violence est la réaction ordinaire et habituelle.

Gandhi ne disait-il pas avec humour:

«Oeil pour oeil, et le monde finira aveugle.»

A l’opposé, subir passivement les coups n’est pas la philosophie de l’Aïkido qui préfère la Voie du Milieu Juste: réconcilier les contraires en se préservant tout en préservant l’intégrité de l’autre qui est vu comme un ignorant dans l’erreur. Remarquons cependant une finesse justifiant que nous vivons dans un monde de relativité. Un Maître de Qi Gong refusa d’utiliser ses «pouvoirs» alors qu’il était attaqué pour ne pas «empoisonner» son agresseur. Sa compassion, très christique, l’amenait à accepter la mort comme dans l’histoire où le Bouddha dans une vie précédente s’offre en pâture à un tigre affamé et trop faible pour chasser.

Sans vouloir comparer et encore moins juger les formes de non-violence, nous pouvons  considérer la non-violence de Ghandi et de Mandela d’ordre social et confucéenne. Nous la qualifierons d’action du Saint, alors que la non-violence de Ueshiba est d’ordre principielle, taoïste et nous la qualifierons d’action du Sage.

Dans le premier cas, nous sommes encore dans un monde limité et relatif ce qui explique pourquoi Gandhi a failli donner l’ordre de prendre les armes déclarant en 1939:

«Personnellement, je préfèrerais mourir plutôt que tuer.
Mais mon devoir ne serait-il pas dans certains cas de tuer plutôt que de mourir?»

De même, Nelson Mandela après le semi-échec des campagnes de mobilisation non violentes inspirées par Gandhi abandonna ses principes et s’engagea dans la lutte  armée en 1961.

Nous ne nous permettrions pas de critiquer ou rejeter une pensée admirable et digne de respect. Si le monde était dirigé par de tels hommes (comme par hasard, ils refusent le pouvoir) ou régi par de tels principes, le monde serait un monde de paix. Comme nous en sommes loin, le Ciel nous envoie régulièrement des «missionnés» qui réforment, révolutionnent et transforment les mentalités et les hommes.

Maître Ueshiba nous a offert une discipline, véritable thérapeutique spirituelle dont les principes actifs s’appellent Amour, non-agir, non-résistance, non-attachement, non-violence…

O Sensei, un sourire de bonté

O Sensei, un sourire de bonté

A nous, malades de l’Esprit, d’accepter avec humilité notre état et de prendre avec fidélité le traitement Aïki.

Nous estimons que la non-violence parfois virile proposée par le fondateur après sa deuxième expérience spirituelle en 1942 est d’ordre de l’Absolu. Ses paroles justifient notre opinion lorsqu’il affirme:

«Si j’étais battu, l’univers serait défait.»

Sur le plan d’une conscience ordinaire, cette pensée est folle et incongrue. Réfléchissons et interprétons plutôt sur le plan d’une conscience qui a atteint le stade où «les montagnes sont redevenues des montagnes.»

Comme toute créature faible mais évolutive, loin d’avoir maitrisé la violence qui nous habite trop souvent, nous avons besoin de suivre l’exemple de ces lumières, de ces bougies qui se brulent pour nous éclairer.

                                                               JMT

 
 

2 commentaires

  1. Clara

    Merci pour ce bel article, juste avant Noël.
    Bonnes fêtes à tous!
    Clara

  2. A tous, Joyeux Noël, Fête de la Lumière, du solstice où le soleil remonte dans le ciel, en latin Sol Invictus…
    JMT

Laisser un commentaire à Annuler le commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *