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Une des origines spirituelles de l’Aïkido est le Taoïsme notamment avec la triade « Tao-Yin-Yang » et l’enseignement de certaines vertus. Deux des plus importants Canons du Taoïsme sont le « Yi-King » et le « Tao-Te-King« .

Ueshiba Kishomaru le dit clairement dans son ouvrage « L’esprit de l’Aïkido« : l’Aïkido plonge ses racines dans le Yi-King connu comme le « Livre des Mutations« .

Le Tao-Te-King attribué à Lao-Tseu et à Confucius pour les commentaires est traduit classiquement comme le « Livre de la Voie et de la Vertu« .

L’enseignement mental et moral de l’Aïkido comporte plusieurs vertus mais nous voudrions souligner l’importance de l’une d’entre elles, la rectitude.

La rectitude se définit comme ce qui est droit. Comme nous en avons l’habitude, nous développerons son aspect en rapport avec la triple constitution de l’homme « Corps, Ame, Esprit« .

Sur le plan physique, la rectitude à ne pas confondre avec la rigidité, prend toute sa valeur quand elle est soutenue et amplifiée par la verticalité. Le rachis et le déroulement des vertèbres en permettant la libre circulation des énergies à travers la respiration et la circulation devient notre arbre de vie et notre « Axis Mundi » comme nous le verrons plus loin. La personnalité la plus représentative pour nous était Kobayashi Hirokazu. Il était vraiment habité par une rectitude physique et la verticalité tel un chêne.

Kobayashi Hirokazu, Fribourg, 1975 (photo JMT)

Sur le plan mental et moral, la rectitude à ne pas confondre avec la rigueur et le rigorisme comporte une ouverture dite d’esprit, « esprit » dans le sens de mental!
C’est une attitude qui fait allusion à la notion de règle, à la franchise, à la loyauté et la fidélité, à la sincérité dans les actes et dans les paroles, la quête de l’excellence par l’honneur!
A une époque où l’on ne peut rien faire sans un avocat qui nous tienne la main, on est bien loin de l’honneur des bouchers des Halles. L’affaire est conclue en se tapant dans la main et celui qui oserait ne pas respecter la règle serait éjecté du marché. De même, on retrouve le sens de l’honneur et de la parole chez les Saint-Cyriens.
Notre société moderne à l’image du mental de ses composants est agitée par les désirs et l’accélération du temps.

Le monde est en feu parce que l’homme est en feu. Nous avons constaté une accélération surtout depuis le solstice de l’année  2015. C’est illustré dans tous les domaines, politique, économique, social, climatique (réchauffement), écologique, catastrophes (centrales nucléaires, méga-incendies). L’eau est devenu le problème numéro 1 de la planète.

Nous devons réagir à cette involution qui nous fait passer d’un état d’anxiété et de peur, à un état de résignation et maintenant à un état de destruction et d’autodestruction.
« Je veux tout, tout de suite.
Je prends, je jette ».
L’homme change d’avis encore plus vite que ne tirait Lucky Luke.
Tout se fait dans l’urgence et il n’en est pas plus heureux.
C’est la société Kleenex ou le syndrome du téléphone portable!

Que peut-on espérer de l’Aïkido? Que peut-on attendre de ses Adeptes?

L’Aïkido est une voie de rectitude car:

« Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien » (Confucius)

que ce soit dans l’agression physique, dans l’agression psychique et dans son comportement.

L’Aïkido est une voie de rectitude qui prend appui sur 5 Principes, lesquels Principes doivent être compris au delà du premier degré technique.
En pratiquant une Voie de vertu aussi merveilleuse, l’Adepte peut et doit prétendre en toute humilité aux droits et aux devoirs d’une élite basée non pas sur l’avoir mais sur l’être. Il doit donc réagir et ne pas tomber dans le piège commun.
L’Adepte en choisissant l’Aïkido, art de non-violence tourne le dos aux techniques de destruction et fait une véritable conversion spirituelle. La voie choisie doit l’amener à un comportement mental et moral adéquat. Nous avons déjà évoqué le travail positif, intelligent et pas tordu entre partenaires (cf: Un pour tous, pas tous bourrins).
De même, la loyauté et le respect envers l’enseignant, le Dojo et l’Ecole sont des vertus de droiture fondamentales manifestées par la sincérité du salut qui se fait avec l’humilité du Hara et l’amour du Coeur. Ces vertus indispensables pour progresser ne sont pas à sens unique et l’enseignant, Maître ou pas, doit montrer l’exemple le premier. Il faut être respectable si l’on veut être respecté!
La rectitude de l’Aïkidoka se traduit par l’amour de sa discipline, le respect de l’enseignant et de la chaine de transmission depuis le fondateur et même au delà, et le respect de ses condisciples. Comment considérer un pratiquant dilettantiste, absent, irrégulier, pas concentré, si lui-même n’a pas de considération pour l’univers du Dojo?
Nous avons souvent répété que la préparation mentale était capitale pour recevoir le maximum de bienfait. L’entrainement Aïki commence sur le trajet puis dans le vestiaire enfin sur le tapis avant le début du cours. C’est toute cette phase de préparation et d’attente qui va modifier notre psychisme et nous permettre de faire évoluer notre intériorité.

Voilà le secret de la rectitude qui est le chemin vertical vers notre être spirituel tandis que la rectitude physique et psychique est un chemin horizontal, l’ensemble formant symboliquement une croix en trois dimensions (« bonhomme d’Ampère »).

Tiens, tiens!

Cet axe vertical est la ligne sur laquelle reposent nos Tan-Tien, axe microcosmique Ten-Chi, projection de « l’Axis Mundi », axe du monde entre notre Terre et l’Etoile Polaire vers laquelle l’Adepte tourne son regard les mains sur les hanches . Cet axe vertical permet de relier l’homme à ce qui le dépasse. C’est le lien spirituel ou Ki Musubi qui fait aussi de l’Aïkido une thérapie spirituelle.

JMT