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Amateur ou professionnel

La pensée dualiste de l’homme aime à opposer l’amateur au professionnel. Qu’il y ait une différence quant à la relation avec l’argent en terme de revenu est évident mais cela reste une analyse au premier degré.

Certains essaient de réunir des groupes et des associations sur le critère de l’amateurisme pour éviter d’éventuels conflits d’intérêts.

Selon nous, le critère fondamental pour rassembler est l’amour de l’Aïkido que l’on soit amateur ou professionnel. Bien sûr, l’éthique ne doit pas être oubliée et la gratuité devrait pouvoir s’appliquer à celui qui le mérite, qui donne et qui se donne.
Un enseignant amateur devrait-il être moins considéré, moins honoré qu’un enseignant professionnel?
Le talent et la notoriété sont deux conditions indispensables pour réunir un grand nombre de pratiquants. Un stage gratuit dirigé par un amateur à compétence égale arrive-t-il à réunir autant de monde?
La vie est faite d’échanges, pas forcément ou seulement monétaire (je paie donc j’ai droit!), mais de respect, de gratitude et de don de soi.
Triste à dire mais l’écoute et l’efficacité du psychanalyste serait moindre si c’était gratuit d’où la notion d’honoraires.

Le professionnel de l’Aïkido par définition gagne sa vie en enseignant.
L’amateur lui enseigne gratuitement.
Entre les deux, il y a le semi-professionnel (temps partiel) qui en parallèle d’un métier enseigne avec rémunérations.

Où se situait Maître Ueshiba?
Probablement en professionnel dans son « esprit » mais en semi-professionnel en pratique car il aimait associer l’agriculture à la recherche et l’enseignement de son art. Dans la société moderne, on l’aurait qualifié de retraité actif après une vie de labeur gagnant sa vie plus que chichement, très dépendant de sponsors et autres soutiens financiers!

Maître pratiquant Fune kogi undo...

Maître Ueshiba  pratiquant Fune kogi undo

C’est seulement avec le développement de l’Aïkido dans le monde que sont apparus les professionnels, en général des « uchi-deshi« .
Takeda Sokaku, quant à lui était un professionnel stricte se faisant payer très cher son enseignement.

Takeda Sokaku et le Daïto-Ryu

Takeda Sokaku et le Daïto-Ryu

Un sujet à débat si l’on reste au premier degré de la réflexion est la qualité du pratiquant selon son degré d’implication et sa quantité d’entrainement.
Dans notre société moderne, la norme pour un métier usuel est de 7 à 8 heures de travail quotidien.
Un musicien professionnel travaille 6 à 8 heures par jour.
Connaissez-vous beaucoup de pratiquants professionnels avec ces horaires?
Un Uchi-deshi ou un enseignant professionnel vont faire en moyenne 4 heures par jour soit ce que fait plus ou moins l’amateur par semaine. Nous comptons la pratique effective et non les aspects administratifs et autres obligations (déplacements, voyages…)

Tous cette analyse comptable montre, en apparence, un meilleur niveau de pratique en fonction du nombre d’heures passées sur le Tatami.
En apparence disons-nous car qu’en est-il de la qualité du travail et … du pratiquant?
Comme nous l’avions écrit dans l’article « quels progrès, quels objectifs« , d’autres facteurs interviennent: don, environnement,  concentration, mental, intellect, spirituel…
Un autre facteur plus important qu’il n’y paraît est le destin lié à la personnalité et au potentiel d’évolution du pratiquant. Dis autrement, quel est son plafond de progrès et de stagnation, quelles sont ses limites?
Quand nous  voyons des experts évolués avec l’âge et probablement à cause de la santé vers un Aïkido subtil, interne et invisible, on ne peut que se réjouir tout en regrettant la perte de temps!

Un amateur peut être techniquement aussi bon voire meilleur qu’un pratiquant professionnel qu’il ait connu de près, de loin ou pas Maître Ueshiba!

La quantité de travail est évidemment une condition nécessaire mais pas suffisante! (cf. « un pour tous, pas tous bourrins« )

A partir d’objectifs  qui ne doivent pas être seulement technique mais aussi mental et spirituel quand on prétend étudier un Budo, l’évolution d’un Adepte nécessite un engagement, une passion et un amour de son art au point de vivre, de respirer, d’être son art 24 heures sur 24.

Si l’on n’oublie pas le déclin physique inévitable lié à l’âge et surtout la santé, il est fondamental de considérer tous les facteurs et pas seulement le temps de pratique pour être un Aïkidoka accompli et véritable tel Maître Ueshiba qui s’était identifié à l’Aïkido.

C’est peut-être aussi une signification du mot Aïki!

JMT

 
 

1 commentaire

  1. Marianne

    Le fait de professionnaliser constitue en général une notion de rendement, je doute que cela puisse s’appliquer à notre discipline! L’évolution est propre à chacun me semble-t-il, le Senseï « professionnel » arrivera-t-il à former plus vite, mieux, sous prétexte qu’il est soutenu par un financement?
    Merci Jean-Marie!

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