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Gloria in excelcis Sensei

L’Aïkido est un art de paix, d’harmonie, d’amour ainsi que l’enseignait Maître Ueshiba qui avait transformé les arts guerriers en art pour réconcilier les contraires.

C’est la théorie… et puis il y a la pratique qui contre-dit, avec le désir à peine voilé de planter le partenaire sur les lombaires, les cervicales voire la tête.
Faire mal pour assouvir un désir de puissance et de domination, c’est au moins un transfert d’agressivité et au plus de la perversion ou du sadisme!

C’est ce que nous avions apprécié chez Kobayashi Hirokazu et surtout chez Tohei Koichi où nous chutions avec notre pesanteur et notre dynamique mais à aucun moment il n’y avait le rajout d’une force de projection, seulement du guidage de Ki (Ki-no-nagare)!

Tohei Koichi, Russelheim, Allemagne,1978

Projeter avec bienveillance et protection
Tohei Koichi, Russelheim, Allemagne,1978

Plus léger mais néanmoins fréquent est le transfert d’égo. Il est courant que l’élève se glorifie du prestige de son maître.

« Mon maître, c’est le plus fort, c’est l’héritier! »
Lui, c’est moi!

Une admiration légitime pour celui qui nous guide, un respect, une obéissance voire une dévotion ne doivent pas empêcher une certaine distance critique (différent de l’esprit de critique) car on peut être maître d’Aïkido, on en n’est pas moins homme avec des défauts (buveur, joueur…) et sans vertus.

Phrase entendue: « Si Maître X… me disait de manger 40 bananes, je mangerais 40 bananes. »

Heureux maître d’avoir de tels élèves dévoués; espérons que 44 ans après, l’auteur de cette réplique a changé de régime!

Un humoriste dit avec l’accent asiatique: « Bienvenue dans ma misérable boutique. »

Pour paraphraser cette boutade, si on était modeste, on pourrait dire que le maître a eu la malchance de nous avoir comme élève!
Parfois à l’armée, il arrive que la femme d’un officier porte les galons de son mari.
Le supporter crie: « On est les  champions! » en s’appropriant le titre de son héros.
Le soir d’élections, on entend : « On a gagné, on a gagné »… en s’appropriant la victoire de « l’élu de son coeur ».
C’est étonnant ce que l’égo et son transfert peuvent déclencher.

Dans les Budo authentiques, la mentalité est bien différente des sports en général et des sports de combat en particulier. Loin de nous l’idée d’un quelconque mépris ou complexe de supériorité (chaque discipline a ses intérêts et ses objectifs), mais la maîtrise des émotions et le dépassement  des états psychiques sont une caractéristique si ce n’est une condition sine qua none. De même, on n’imagine pas un Kendoka  lancer son shinaï (sabre en bambou) en signe de victoire comme le font certains tennismen, pas plus qu’un Aïkidoka lancer son bokken… encore que…

Il n’est pas question de sauter de joie pour un but ou un titre, ou de pleurer perce que l’on a été battu. Au delà de la victoire, au delà de la défaite, seule l’équanimité (égalité d’âme) assure le non-attachement, amène à la non-violence et ouvre un coeur de bienveillance.

Toutes vertus qui font de l’Aïkido une Voie de Sagesse.

JMT

 
 

1 commentaire

  1. Level herve

    les mots justes pour une pratique juste

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