Nous n’avons pas connu ce Maître d’arts martiaux (1895-1964), aussi citerons nous Jean-Daniel Cauhépé qui fut son Uke en 1962 et Jean-Pierre Paillard qui fut son élève.
Issu d’une famille de guerriers, Aritomo (Aritoshi, son prénom au Japon) commence l’étude des Budo par le Kendo à l’âge de 13 ans, adhère au Dai Nippon Butokukai de Kyoto à 19 ans, débute le Judo avec le fondateur Kano Jigoro à 20 ans, puis le Katori-Shinto-Ryu avec Mochizuki Minoru.
En 1931, Kano envoie certains de ses élèves (dont Mochizuki et Murashige) étudier l’Aïki-Budo de Maître Ueshiba encore très proche du Daïto-Ryu.
« C’est le Budo idéal » estimera Kano Jigoro en voyant O Sensei, ce qui montre l’admiration pour le Budoka et son art sans pour autant dévaloriser sa discipline.
Murashige Aritomo deviendra expert et haut gradé dans nombre de Budo (Judo, Iaïdo, Kendo…) et de Bujutsu (bâton, lance, hallebarde, poignard…). En Aïkido, il recevra le 9e Dan à l’âge de 65 ans en 1960.
Au contact de Maître Ueshiba, il deviendra adepte de l’Omoto-kyo (Branche Shintoiste) et sera initié à l’art des sons et des incantations (Ho-jutsu).
Son mental était d’une autre époque avec une réputation de « tueur » où l’art martial (Bujutsu) au sens propre est une question de vie ou de mort, bien différente de la brutalité et des transferts d’agressivité.
Un jour, notre ami JP Paillard, passant devant Murashige qui était assis, reçoit de sa part un coup de pied au bas-ventre avec pour tout commentaire:
« Ca aussi, c’est Aïkido! »
C’était sa façon à lui d’enseigner la vigilance.
Ce que raconte JD Cauhépé – lui-même au passé de guerrier – dans ses écrits sur son expérience d’Uke, laisse entrevoir le très haut niveau atteint par cet Adepte.
Maître Ueshiba le délèguera en Europe en 1962. Il s’établira en Belgique grâce au fondateur de la macrobiotique Sakurazawa Nyoiti (Georges Ohsawa).
Il est bien connu qu’il participa activement à la guerre en Mandchourie (1931-1945), mais ce qui l’est moins, c’est qu’il exerçait ses talents de sabreur comme…bourreau! Il aurait été responsable de plusieurs centaines de décapitation. D’une façon générale, les Japonais ont laissé un très mauvais souvenir en Chine.
C’est le paradoxe de ce Maître de guerre qui, parallèlement va évoluer dans une recherche spirituelle. Tous ces talents vont développer en lui une perception qui lui permettront une étrange prédiction:
« Quand je mourai, ma main sera séparée de mon corps! »
En 1964, après une démonstration à l’ambassade du Japon à Bruxelles, il est grièvement blessé dans un accident de voiture. Il est éjecté et sa main droite est tranchée. Il décèdera à l’hôpital le 24 mars à l’âge de 69 ans.
Cette vie brièvement résumée est source de réflexions sur la vie, la mort, le destin, les lois de causalité, d’interdépendance (karma) et les buts de la pratique d’un art martial tel l’Aïkido.
JMT
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